Difficulté d’adaptation
Bonjour,
J'aurais besoin d'information sur les difficultés qu’un enfant peut vivre lors de son entrée en garderie. Mon garçon va avoir 2 ans en avril prochain. À 11 mois, soit en février 2010, j'ai recommencé à travailler et mon fils a commencé à fréquenter la garderie.
Le premier mois fut très difficile et pénible, mais après l'adaptation a bien été. Puisque c’était une garderie privée, nous avons cherché une garderie subventionnée. En octobre de la même année, nous en avons trouvé une qui nous a été recommandée. Nous ne pouvions pas faire l'intégration et la gardienne voulait qu'il arrête son boire avant sa sieste et qu'il n'ait plus de suce dès les premiers jours. Je lui ai expliqué que Raphael est un garçon très émotif et qu'il avait besoin de ses repères avant de s'en créer de nouveaux.
Malheureusement, elle a fait un peu à sa tête croyant être en mesure de le mettre au pas. En général, je suis sure que c'est une bonne garderie, mais depuis octobre 2010, mon fils pleure tous les matins... Il ne veut tout simplement pas aller à la garderie. Il ne faisait pas ça à l'autre garderie. Nous pensons le changer de garderie car je ne crois pas que cette gardienne est faite pour mon garçon. Par contre, nous avons peur que la situation se répète. Comme il est très émotif depuis la naissance, nous désirons trouver des façons pour l'aider à mieux gérer tout ça. Selon la gardienne, il ne s'intègre pas. Parfois, il reste dans son coin. Il a récemment commencé à bouder et à aller lui-même dans un coin à la maison.
Est-ce qu'il y a des ressources pour amener son enfant à développer des solutions pour mieux gérer les évènements?
Merci beaucoup!
Marie-Andrée Verville
Bonjour Marie-Andrée,
L’idéal serait de pouvoir aborder les besoins de votre enfant avec le milieu de garde avant l’inscription définitive et surtout, avant l’entrée de l’enfant dans le milieu.
Plusieurs éducatrices sont enthousiastes à l’idée de soutenir un enfant un peu plus fragile sur le plan émotif. D’autres éducatrices se sentent moins outillées et moins disponibles à adapter leurs pratiques habituelles et il faut pouvoir respecter cela. Parfois, il y a déjà un contexte comprenant d’autres enfants à besoins particuliers dans le milieu où votre enfant doit être intégré. Cela laisse moins de ressources à la responsable du milieu de garde, même si elle est très dévouée.
Suggestion
Ma première suggestion dans la sélection d’un milieu de garde est de questionner l’éducatrice quant à ses ressources et son ouverture pour s’adapter en cas de difficultés. Un autre moyen peut être de proposer à la responsable une consultation avec un professionnel qui ira observer l’enfant et le milieu et proposer des stratégies concrètes à essayer.
Repères
En ce qui concerne votre enfant, comme vous l’avez vous-même identifié, la disponibilité de repères connus sera probablement un atout qui contribuera à le rassurer. D’abord, lui permettre de garder avec lui un objet de transition qu’il affectionne (ex. toutou/doudou). De plus, vous pouvez offrir à votre enfant des repères portables comme une séquence d’images représentant les différentes routines du quotidien comme se laver les mains, manger, jouer dehors, bricolage à la table, dormir, etc. Cela lui permettra de faire un lien entre ce qui se déroule à la maison et à la garderie. Du même coup, une routine stable et visuelle au milieu de garde sera sécurisante. Elle permettra à votre enfant d’anticiper les activités et de se préparer doucement aux moments qu’il trouve plus difficiles.
Retrait
Le comportement d’aller se placer dans un coin indique souvent le besoin de retrait d’une situation trop anxiogène sur le plan sensoriel ou émotif. Le fait qu’il arrive lui-même à savoir qu’il a besoin de ce retrait démontre déjà la présence de belles bases fonctionnelles sur le plan de la régulation. Il faut donc, selon moi, davantage supporter l’enfant qui se retire quant à ce besoin plutôt que de percevoir ce comportement comme une difficulté de fonctionnement. On peut alors installer un coin calme dans la maison ou la garderie. Cela peut être une petite tente ou un petit coin aménagé derrière un divan situé le long d’un mur. Dans le coin calme, on peut laisser une couverture (toujours la même), des toutous et quelques jouets ou activités plus répétitives (par exemple mettre des chevilles dans des trous ou des gros jetons dans une fente sur un contenant). Ces items lui permettront de retrouver un état calme. Si l’enfant accepte la présence de l’adulte dans le coin calme, il est souvent une bonne idée de profiter de cette opportunité pour serrer l’enfant dans nos bras sans trop bouger et sans tenter de raisonner avec lui en lui parlant. Il n’est probablement pas disponible à ce moment pour traiter une grande quantité d’informations verbales qui sont en fait une autre source de stimulation.
En parallèle, dans les moments où l’enfant est bien, il est souvent aidant de commencer à le soutenir dans sa reconnaissance de ses émotions en lui présentant des images avec des expressions faciales représentant les émotions, par exemple, et en pointant ensuite l’image correspondante au moment où il vit une émotion. Ce type d’apprentissage pourra éventuellement créer les fondations nécessaires à l’apprentissage de stratégies d’autorégulation plus efficaces.
Enfin, il est toujours possible d’obtenir un avis professionnel en ergothérapie ou en psychologie pour obtenir une meilleure compréhension des comportements de l’enfant et surtout, des suggestions plus précises quant à ses besoins. Ce processus peut être très rassurant en bout de ligne.
Merci de votre question et surtout de votre confiance.
Josiane Caron Santha
Ergothérapeute