Il a des difficultés à grimper, escalader, marcher sur un banc et courir
Bonjour,
Mon fils, Léo, a eu 3 ans en octobre. Il fréquente la petite section maternelle depuis septembre. L’éducatrice nous a confié qu'elle s'inquiétait pour Léo en ce qui concerne le côté moteur et ce, par rapport aux autres enfants. Il a des difficultés à grimper, escalader, marcher sur un banc et courir. Par exemple, pour la course, il va « courir » dans le sens inverse des autres. Étant donné qu’il court moins bien et moins vite, il a peur que les autres enfants foncent sur lui. Il préfère donc les voir devant lui.
C'est vrai que nous avions également remarqué qu'il a une démarche qui tangue et cela s'accroit quand il essaie de courir. Pour cela, je l'ai d'abord amené voir un ostéopathe pour savoir si tout allait bien. L'ostéopathe n’a rien vu de particulier, mais puisqu’il a lui aussi remarqué cette démarche « bizarre », il nous a redirigés vers un spécialiste chirurgien pédiatrique. Selon celui-ci, tout est normal au point de vue physiologique et sa démarche ne l’inquiète pas plus que ça!
Récemment, l’éducatrice a de nouveau insisté sur ce problème. Je me pose donc des questions et je ne sais pas trop que faire, car en plus de sa démarche un peu chaotique, il ne sait pas sauter ou mettre son manteau et ses chaussures tout seul (sur ce dernier point, je pense qu'il se laisse un peu vivre et qu’il compte toujours sur moi). J'essaie de lui apprendre à faire ces choses, mais sans beaucoup de résultats.
Il n'y a peut-être pas de souci majeur et je m'inquiète possiblement pour rien, mais auriez-vous des réponses supplémentaires à m’offrir selon votre expertise? Selon vous, devrais-je consulter un ergothérapeute?
Je vous remercie à l’avance.
Cordialement,
Vanessa
Bonjour Madame,
Il est certain qu’une évaluation en ergothérapie pourrait précisément répondre à certaines de vos préoccupations en ciblant les capacités plus fragiles chez votre fils en fonction des défis fonctionnels qu’il semble vivre. Cela dit, j’aurais tendance à me questionner au sujet de la conscience corporelle de votre garçon. Ressent-il bien son corps dans l’espace lorsqu’il n’a pas accès à ses yeux? Comprend-t-il bien l’organisation de son corps? Visualise-t-il bien les actions motrices qu’on lui propose d’effectuer?
L’exécution précise d’une action motrice dépend, de prime abord, d’un désir clair de réaliser cette action (je veux sauter) et de la capacité à s’imaginer en train de faire avec succès cette action. C’est ce qui fera place à un processus de planification motrice (déterminer la bonne séquence et combinaison de muscles à activer) qui sera efficace. La visualisation du mouvement est également ce qui permettra un processus efficace de rétroaction (comparer sa performance avec le plan initial). Cela implique, par exemple, que l’enfant réalise qu’il a mis trop de force dans son mouvement.
Ce qui pourrait peut-être donner un coup de pouce à votre garçon, ce serait de travailler avec lui son schéma corporel, c'est-à-dire l’aider à comprendre l’organisation des parties de son corps les unes par rapport aux autres et par rapport à l’environnement. Pour ce faire on peut :
-
Lui faire des massages en lui nommant les parties de son corps et, éventuellement, en lui demandant de les nommer ou de les indiquer du doigt sur un bonhomme dessiné pendant que vous le massez.
-
Explorer son corps devant le miroir dans le cadre d’une variété d’activités incluant des accessoires, du maquillage, des autocollants, des grimaces, de la danse, etc.
-
Faire le parallèle entre son corps et celui de l’autre afin de favoriser l’imitation motrice par la compréhension des mouvements de l’autre. Utiliser, par exemple, des autocollants : l’adulte place un autocollant à un endroit sur son corps et l’enfant doit en placer un au même endroit sur son propre corps.
-
Faire des jeux d’imitations motrices comme, par exemple, le jeu du miroir (face à face avec l’adulte, l’enfant fait les mêmes mouvements) ou une danse avec des gestes.
-
Faire des casse-têtes qui demandent d’assembler les parties du corps.
-
Développer petit à petit le dessin du bonhomme en portant attention à l’organisation des parties du corps et à l’intention de dessiner un bonhomme plutôt qu’aux aspects esthétiques des tracés reliés à une motricité fine encore immature.
-
Travailler les relations spatiales par des activités de cachecache ou des courses à obstacles (on passe dans le tunnel, par-dessus le coussin, derrière la chaise etc.).
-
Concevoir des dessins des actions motrices qu’on veut qu’il réalise (ex. un bonhomme en train de sauter) et les différentes étapes du mouvement s’il y a lieu.
-
Combiner des sons aux actions motrices et/ou des images afin de concrétiser chacune des étapes requises pour les mouvements.
-
Simplifier le défi qu’on lui propose lors de nouveaux apprentissages moteurs afin de conserver sa motivation. Il peut, par exemple, faire une seule étape de la séquence complète du manteau telle que monter la fermeture éclair.
-
Donner du sens aux apprentissages. Par exemple, lui permettre de se pratiquer à revêtir des chaussures ou un manteau via des déguisements.
-
Il pourrait également être utile de pratiquer ses habiletés motrices dans un environnement assez épuré au début, c’est-à-dire là où il y a peu de gens autour de lui et peu de bruit.
Enfin je vous propose de consulter une chronique antérieure en ergothérapie intitulée Je me motive pour les activités sportives. Vous pourriez également puiser quelques idées dans celle-ci.
Josiane Caron Santha, ergothérapeute