Question 1 :
Je suis une maman d'une petite fille de bientôt 2 ans. Depuis l'âge de 8 mois, suite à la varicelle, ma fille se brassait par terre,et cela, très souvent. On m'a dit que ma fille avait ainsi découvert un certain plaisir. Au début, j'ai été très étonnée. Par la suite, ça continuait à répétition. On m'a dit de la laisser faire et de lui dire qu’elle pouvait faire ça seulement lorsqu'elle est seule et dans son lit. Maintenant, elle a compris qu'elle a le droit de « brasser » seulement dans son lit. Mais, pour s'endormir, elle le fait et de façon assez intense. Est-ce que je continue à la laisser faire? Peut-être que ça va arrêter lorsqu'elle n'aura plus de couche, mais je ne sais plus quoi faire.
Merci beaucoup,
Caroline
Question 2 :
Je vis présentement une difficulté avec ma fille de deux ans. Ce problème m'inquiète de plus en plus et j'ai de la difficulté à rester calme. Depuis qu’elle est bébé, ma fille a pour habitude de s'installer de façon à se procurer une stimulation sexuelle. Bébé, si on la prenait dans nos bras, elle croisait les jambes et elle les serrait et les desserrait. Cela la calmait… Ensuite, elle a commencé à s'assoir par terre de façon à placer son talon sous ses fesses et elle se berce de l'avant à l’arrière. Je sais qu'en principe c'est acceptable qu'un enfant découvre ces plaisirs. Le problème, c'est que quand elle commence à le faire le matin, on en a pour la journée et elle ne fait rien d'autre que de s'assoir dans cette position.
Et si je la relève ou si je lui dis de ne pas s'assoir comme ça, elle se fâche après moi… Y a-t-il quelque chose à faire sans la brimer dans son droit à se faire plaisir et en même temps pour lui faire perdre ce besoin constant?
Merci à l'avance,
Manon
Question 3 :
Je suis très contente que tu sois avec Éducatout! J'ai suivi, il y a quelques années, une formation avec toi au CPE... elle était vraiment très intéressante et m'a servi à plusieurs reprises lors d'interventions auprès des enfants et des parents… Je t'écris aujourd'hui concernant mon fils de 4 ans. Depuis qu'il est tout petit, il adore son pénis. Lorsqu'il est en situation de relaxation, il se place sur le ventre, met sa doudou et son toutou entre ses jambes et se masturbe. Le geste ne me choque pas comme tel… En vieillissant, son niveau de compréhension s'est développé et nous lui avons appris à se retirer dans sa chambre s'il avait envie de faire ça. Mais voilà que nous avons un autre problème : il se déshabille maintenant au grand complet! Hier, son éducatrice m'a dit qu'il avait les culottes baissées sur son matelas à la sieste. Hier soir, quand je suis entrée dans sa chambre, il était complètement nu! Je trouve que ça devient un peu "excessif, dérangeant...". Je ne sais pas trop quel mot utiliser. Mon conjoint et moi ne savons pas trop comment intervenir auprès de lui.
Nancy
Question 4 :
J'ai une petite-fille de 27 mois qui est en apprentissage pour la propreté. Tout va très bien. Cependant, depuis qu'elle ne porte plus de couche, elle a tendance à se mettre les mains dans les culottes... Je me demande si ce n'est pas une façon de manifester un manque ou un besoin quelconque. Par ailleurs, elle n'a jamais eu de sucette, n'a plus de bouteille depuis ses 8 mois et, récemment, ses parents lui ont enlevé son verre à bec pour dormir. N'y a-t-il pas un lien dans tout ça? Quoi faire? La punir? J’attends votre réponse avec impatience.
Merci!
Grand-maman
Réponse : Ouf! Que de questions à propos de la masturbation!
En fait, entre la naissance et trois ans, la masturbation est relativement fréquente chez les deux sexes et le tiers des enfants de 3 à 8 ans la pratiquent. En ce qui concerne les enfants de 6 à 12 ans, la masturbation serait pratiquée par la moitié des garçons et par le tiers des filles.
Étonnée, n’est-ce pas?
L'enfant apprend à découvrir son corps, partie par partie, et ce, selon chaque stade de son développement. Il découvre ses organes génitaux avec le même enthousiasme qu'il a pris pour découvrir sa langue, ses mains, ses doigts, ses oreilles. L'exploration des organes génitaux est souvent synchronisée avec l'arrivée de l'apprentissage à la propreté. Sans couche, l'enfant peut se toucher plus facilement et expérimenter des sensations de plaisir. Bref, les comportements de masturbation, qu'ils soient effectués avec la doudou, la couche, le barreau de la chaise haute ou avec ses doigts, font partie des comportements prévisibles chez les jeunes enfants.
Si les parents sont à l'aise avec les comportements sexuels de l'enfant, ils l'aideront d'autant plus en fortifiant son sentiment d'être le seul à être propriétaire de son corps. De nombreux parents m'ont demandé ce qu'ils doivent faire lorsqu'ils s'aperçoivent que leur enfant se caresse devant la télévision ou durant les repas. Vous pouvez alors lui invoquer la notion d'intimité. L'intimité ne signifie pas « en cachette ». L'enfant qui comprend qu'il doit se cacher interprétera que ce qu'il fait est mal. Pour lui faire saisir la différence, servez-vous d'exemples de la vie quotidienne. Lorsque vous lisez ou que vous prenez votre bain, vous avez besoin de votre intimité. L'avantage de l'intimité est de n’avoir personne qui nous dérange. Les jeux sexuels des enfants sont de natures expérimentale et exploratoire. Le salon n’est certes pas l’endroit où l’enfant est dans son intimité. Que ferez-vous quand l’enfant se fera garder? Pensez-vous qu’il arrêtera cette façon de faire? Et que dire de ces agresseurs avec qui j’ai travaillé et qui, devant de telles situations, se sentaient invités par l’enfant… Sans faire peur aux enfants, sans leur parler des «méchants monsieurs ou des méchantes madames», ont doit leur apprendre avec conviction ce qu’ils peuvent faire, où ils peuvent le faire et ce qu’ils ne peuvent tout simplement pas faire.
À l’intérieur des formations offertes par Sexprime et traitant de la sexualité des enfants, les participants démystifient entre autres la masturbation et comprennent précisément comment intervenir devant ce comportement. Pour répondre à madame Nancy H. concernant la nudité de son enfant, même si effectivement la masturbation est fréquente au moment de la sieste, il y a une structure qui doit entourer ces comportements.
L’éducatrice, en tant que professionnelle de la petite enfance, se doit de la connaître et de bien saisir les multiples facettes d’intervention. Une des règles régissant cette structure d’intervention est de s’assurer que l’enfant garde sur lui sa petite couverture de façon à ce qu’aucun autre enfant n’ait un accès visuel des comportements masturbatoires. Si l’enfant prend sa doudou, on lui en offrira une deuxième de façon à ce qu’il demeure abrillé.
Aussi, pour madame Manon G., la masturbation infantile peut augmenter lorsque les enfants vivent un grand stress ou traversent des moments difficiles. Si tel est le cas, ces comportements représentent le symptôme d'un problème, un mauvais moment que l'enfant passe. Habituellement, en l'apaisant et en répondant à ses peurs, ses peines et ses angoisses, ces comportements diminueront. Par contre, quand l’enfant frappe l’adulte, c’est un signe pour moi que l’adulte a besoin de « coaching ». Il doit avoir la certitude que ses interventions sont adéquates. Pour cela, une compréhension s’appuyant sur de solides connaissances est nécessaire. Une fois cette certitude établie, l’adulte pourra facilement être ferme et montrer « la voie » à suivre.
La masturbation compulsive est un des signes qui devraient inquiéter le parent et lui indiquer l’importance d’aller chercher de l’aide auprès de spécialistes en petite enfance, en sexologie ou en psychologie.
© Sophia Lessard - Sexologue